Les mathématiques au Québec, de la Nouvelle-France aux années 1950

La deuxième moitié du XIXe siècle : Les mathématiques en perte de vitesse...

Enseignement primaire

Arrivée des communautés enseignantes (F.E.C., F.I.C) : Enseignement simultané

Enseignement classique

  • classes de philosophie
    • junior : philosophie (logique, métaphysique)
    • senior : philosophe (théologie naturelle et morale).
  • humanités

    • Dans les années 1850 : retrait des mathématiques des classes de seconde (belles-lettres)  et rhétorique.

Les causes :

  • La séparation des élites anglaise et française, à la suite de l'Union (1841) :
    • vers un activisme politique des élites
    • l'intérêt pour les sciences passe au second plan
    • l'enseignement devient le monopole de l'église dans la société québécoise
  • Auto-image des Québécois francophones (après 1850) :
    • Les Anglais : bons en sciences et en finance
    • Les Canadien français : bons dans les arts et les lettres
  • L'Église catholique n'a plus d'opposants en ce qui a trait à l'éducation
    • Contre les « ismes » : l'Église développe une attitude intolérante et triomphante.
    • Le cours classique est vu comme le lieu de formation des élites, en particulier pour la prêtrise.
    • Les sciences passent au second plan, car non nécessaires pour la formation de ces élites.
    • Le latin supplante les mathématiques comme formateur de l'esprit
      • L'abbé J.S. Raymond, dans son Entretien sur les études classiques, Saint-Hyacinthe, 1872 : (p. 7) Il est raconté d'un géomètre grec qu'ayant, après une longue étude, trouvé la solution d'un problème difficile et important, il allait partout s'écriant avec une expression de joie extraordinaire : Eureka : j'ai trouvé. L'élève qui voit qu'il a compris le sens de son auteur éprouve quelque chose de cette satisfaction ; il goûte du bonheur à sentir dans son intelligence assez de lumière pour pénétrer dans le secret que lui cache une langue étrangère. (...) (p. 25) Il n'y a qu'une année d'études philosophiques proprement dites : Vous savez que dans les deux dernières années du cours, les sciences physiques prennent au moins la moitié du temps. Les amis du progrès matériel ne trouveront rien à dire sans doute à l'égard des Mathématiques, de la Physique, de la Chimie. N'est-ce pas à la connaissance approfondie de ces sciences qu'est dû le mouvement matériel dont s'applaudit notre siècle ? Ceci est trop évident pour être contesté.
      • L'abbé L.A. Paquet, L'Église et l'éducation à la lumière de l'histoire et des principes chrétiens, 1909 : Or l'expérience de je ne sais combien de siècles a constaté et enseigné qu'il n'y a rien comme l'étude des langues classiques pour développer et mûrir les facultés de l'esprit des jeunes gens. La version grecque et la version latine captivent toutes leurs facultés, les astreignent à la réflexion, à la discussion d'un texte, pendant des jours, sans distraction possible, avec l'ambition de trouver et la satisfaction d'avoir trouvé par eux-mêmes un sens et le vrai sens ; ce que ne saurait faire aucune étude pratique, sauf peut-être les mathématiques qui deviendraient desséchantes au possible si elles étaient seules.
  • La fondation de la Faculté des arts de l'Université Laval (après 1852) : Un nivellement par le bas dans les collèges classiques, pour que tous les collèges de la province aient des programmes similaires.
  • Pourtant, des hommes ayant une formation scientifique occupent des postes importants dans la hiérarchie de l'Église et de l'éducation :
    • Mgr Thomas-Étienne Hamel (1830-1913), deuxième recteur de l'Université Laval, premier québécois à obtenir une licence en  sciences, de l'École des Carmes à Paris, en 1853.
      • Voici ce que dit de lui D. Gosselin (Les étapes d'une classe au Petit Séminaire de Québec, 1859-1868, Québec, 1908) à propos de son enseignement de la classe de Philosophie junior en 1866-1867 : Il lui manqua le temps de remanier le cours qu'il avait suivi à Paris, de l'adapter à un autre milieu, d'en réduire les proportions, de le mettre à la portée d'étudiants dont plusieurs ne savaient presque rien, même en arithmétique. L'heure du cours quotidien se passait à copier - à toute vapeur - ce que l'on nous dictait. Sous le titre de "théorie des limites", incompris du grand nombre, il me souvient d'avoir griffonner quatre cents lignes d'une écriture fine et serrée. Le temps libre qui suivait chaque cours suffisait à peine à réviser et à corriger les pages manuscrites. Le moulin à problème, il nous forçait rarement à le tourner, se contentant de nous livrer les formules sans lesquelles, il ne pouvait être mis en mouvement. Ces opérations qui ne sont que l'application des principes, et avec lesquelles il importe de se familiariser, elles étaient laissées à l'initiative de chacun. De plus, l'arithmétique eut la part du lion, près de six mois sur dix. Il en restait à peine quatre pour l'algèbre, la géométrie et la trigonométrie. Cette dernière, nous ne pûmes la voir qu'à vol d'oiseau. La résultante, facile à prévoir, fut peu consolante pour le professeur, peu glorieuse pour les élèves. (...) Bien peu mordaient aux mathématiques, il serait puéril de le nier, et nous avons suivi ce cours plutôt en amateurs. 
    • Mgr Jean Langevin (1821-1892) , professeur au Séminaire de Québec (1838) , premier principal de l'École normale Laval et premier évêque de Rimouski, auteur présumé du premier livre de calcul différentiel et intégral publié au Canada : Traité élémentaire de Calul différentiel et intégral, 1848.
 

Un original : Charles Baillairgé (1827-1906)

  • Premier auteur canadien-français vraiment original en mathématiques
    • Nouveau traité de géométrie et de trigonométrie rectiligne et sphérique, suivi du toisé des surfaces et des volumes  et accompagné de tables de logarithmes des nombres et sinus, etc. naturels et logarithmiques et d'autres tables utiles. Ouvrage théorique et pratique illustré de plus de 600 vignettes, avec un grand nombre d'exemples et de problèmes à l'usage des Arpenteurs, Achitectes, Ingénieurs, Professeurs et élèves, etc. , Québec, 1866. (Un livre de 900 pages)